Noël 1904. Alors que la brigade des mœurs – sur ordre du préfet Lépine – commence à nettoyer les rues de Paris de ses nombreuses prostituées et commet une erreur irréparable, le corps d'un homme est retrouvé dans le bois de Boulogne. Suicide ou meurtre ?
L’enquête est confiée à l’inspecteur Antoine Jouin, aussi raide que la justice. Le policier idéaliste s’immerge dans un monde vicié et plein de faux-semblants où prospèrent les maîtres-chanteurs, les médecins véreux et les proxénètes. Et découvre, à ses dépens, que tout le monde a quelque chose à cacher. Même les policiers.
Preuve, une fois de plus, que dans ce polar historique, la Belle Époque ne l'était pas autant que cela.
En 1899, le président de la République, Félix Faure, rend l’âme dans les bras de Marguerite Steinheil, sa maîtresse, et la République menace de faire pareil, prise en étau entre les ligues nationalistes et antisémites et la menace anarchiste.
Alors que le préfet Lépine est rappelé pour maintenir l’ordre dans Paris, le cadavre d’une inconnue retrouvé dans la Seine entraîne Antoine Jouin, inspecteur ambitieux de la police criminelle, et Jeanne Chauvin, une jeune femme brillante qui rêve de devenir avocate, au cœur d’une enquête complexe.
De son côté, Joseph Fiersi, inspecteur corrompu, et le commissaire Puybaraud font de Marguerite une espionne à leur solde…
Alors que tout les oppose, ces personnages vont unir leurs forces pour affronter un coup d’État.
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L’acteur Jérémie Laheurte incarne l’ambitieux et intègre inspecteur Jouin,
l’un des héros de PARIS POLICE.
« Sur le tournage d’une série historique comme PARIS POLICE 1905, les costumes m’aident beaucoup à rentrer dans la peau de mon personnage. Quand je sors de la loge, je m’oublie totalement.
Les autres acteurs et moi-même, nous nous sommes nourris des connaissances historiques de Fabien Nury, le créateur de la série. Il maîtrise la période dans laquelle nos personnages évoluent.
Et puis, c’est vrai, la Belle Époque est une période que je connaissais déjà plutôt bien en partie à cause de ma propre histoire familiale. Mes grands-parents, qui sont les seuls de ma famille à avoir réussi à échapper à l’antisémitisme et à la déportation, m’ont transmis le goût du souvenir et de l’Histoire. J’ai beaucoup visité de musées et de mémoriaux, étant enfant.
Par ailleurs, il se trouve qu’en maternelle, j’avais comme camarade une descendante du capitaine Dreyfus !
Quand on relit cette page d’Histoire, c’est difficile de dire que c’était mieux avant, vu comment les femmes ou les homosexuels étaient traités et vu la façon dont l’arbitraire régnait.
Ça n’était pas mieux avant, mais cela n’empêche pas les maux exposés dans PARIS POLICE 1905 de demeurer ou de resurgir aujourd’hui. »
“ La police des mœurs est une usine à saletés : dès qu’on s’approche, ça éclabousse. ”
(Le commissaire Cochefert)
« La police des mœurs, c’est l’État qui s’immisce dans l’intimité des gens »
Cette institution refondée en 1901 est au cœur de l’intrigue de PARIS POLICE 1905…
« La police des mœurs est dissoute de 1881 à 1901, à cause de sa mauvaise réputation, mais ne disparaît jamais vraiment, et ses effectifs sont seulement fondus dans ceux des brigades de sûreté », explique Anaïs Eveno, responsable du musée de la préfecture de police et à ce titre en charge de l’exposition La police des mœurs à Paris organisée entre mars et août 2022. Et d’ajouter qu’à partir de 1901, on retrouve une véritable « brigade mondaine » chargée d'assurer la surveillance des maisons closes et de la prostitution clandestine, mais aussi de réprimer les outrages aux bonnes mœurs…
C’est ce pouvoir donné à des agents de police qui a intéressé le créateur de PARIS POLICE 1905, Fabien Nury : « Cette police des mœurs, c’est l’État qui s’immisce dans l’intimité des gens. Le bras armé de la Loi s’invite dans les chambres à coucher, dans les lits, pour surveiller ou punir, en vertu de ce que la société autorise ou réprouve… C’est en fait la police du vice, la police du sexe. » Or, l’Histoire l’a prouvé à de multiples occasions : plus une société est répressive et intolérante, plus elle encourage la clandestinité et son corollaire, le chantage. Le 28 mai 1903, le député Paul Meunier s’exprime ainsi à la Chambre : « C’est un défi au bon sens que la police, chargée de protéger les honnêtes gens, soit souvent plus redoutable pour eux que pour les malfaiteurs ! ».
Le préfet Lépine, attaché aux valeurs morales traditionnelles et aux valeurs militaires, notamment suite à son engagement volontaire durant la guerre de 1870, va tenter d’améliorer la situation. Selon Anaïs Eveno, « il souhaite professionnaliser les policiers et avoir un suivi des candidats recrutés car il veut donner du prestige à ce métier de gardien de la paix parisien. Les candidats étaient soumis à l'"examen de la binette" devant Lépine, une sorte d'interrogatoire exigeant durant lequel il jugeait aussi leur physionomie ! » Avec un succès mitigé, tant les scandales émailleront l’histoire de la police des mœurs jusqu’à la disparition de sa mission de contrôle en 1946, à la suite de la fermeture des maisons de tolérance. Lire la suite...
Dans son livre La police des mœurs (éditions Perrin), l’historien Jean-Marc Berlière illustre les manquements de cette institution par quelques histoires qui font froid dans le dos.
Le 9 avril 1877, par exemple, vers minuit, Amélie Renault, ouvrière encartée et mère célibataire, marche dans la rue Cujas, tout près du Panthéon, en quête de médicaments pour son petit garçon malade. Un agent des mœurs l’arrête et la conduit au poste, où elle restera enfermée jusqu’au lendemain, malgré ses cris et ses supplications.
Ce n’est qu’après la visite sanitaire qu’elle sera autorisée à rentrer chez elle. Pendant la nuit, son enfant est mort.
Folle de chagrin, menacée de représailles si elle ébruite l’affaire, elle est internée à la Salpêtrière et meurt quelques mois plus tard.
Un fait divers tragique qui a inspiré à Fabien Nury l’affaire Rosalie Dantremont, au cœur de PARIS POLICE 1905.
“ Il est de règle d’étouffer ces scandales, quand cela est possible, mais s’ils échappent aux magistrats, ces malheureux sont la proie des maîtres chanteurs qui s’acharnent à leurs trousses comme la mouche endiablée sur le sucre. ”
(Le préfet Lépine)
L’intrigue de PARIS POLICE 1905 montre bien à quel point la plupart des homosexuels vivaient cachés de peur des représailles ou du chantage.
Stigmatisés à l’instar des Juifs comme « l’anti-France » dans une société très intolérante, à l’époque, les homosexuels sont condamnés à la clandestinité, au secret, à la honte et à la peur tout autant qu'aux possibilités de chantage.
Ici Félicien Mercadier, un employé de banque marié qui musarde au bois de Boulogne, est ainsi obligé par la police des mœurs de porter plainte contre l’inspecteur Jouin.
Si le crime de sodomie a été aboli pendant la Révolution française, la police n’hésite guère à utiliser l’infamante accusation d’outrage aux bonnes mœurs. Dans un pays où l’on peut détruire une vie par le simple soupçon du « vice contre nature », il est facile d’en déduire l’étendue du pouvoir, arbitraire, de cette police.
L’émergence rapide, à la même époque, d'un "monde" homosexuel parisien avec des bains, des bals, des bordels et même de la drague en plein air (au bois de Boulogne, par exemple, comme dans la série) coïncide avec l’apparition des discours médicaux fustigeant l'homosexualité comme une maladie. Ambroise Tardieu, célèbre médecin légiste d’alors, la décrit comme monstrueuse et évoque une « franc-maçonnerie honteuse » !
On comprend ainsi mieux pourquoi les parents de Paul Cétinet, dont le corps est découvert lors du premier épisode, sont écrasés par la honte quand ils rendent visite au commissaire Cochefert…
“ C’est bizarre qu’on vous interdise le seul métier où l’on force les hommes à porter une robe. ”
(Antoine Jouin à Jeanne Chauvin)
Indépendantes et par bien des aspects en avance sur leur temps, Jeanne Chauvin et Marguerite Steinheil n’hésitent pas à s’opposer à la toute-puissance masculine. Non sans heurts.
Avocate, célibataire et féministe, Jeanne Chauvin se distingue nettement de ses contemporaines destinées à demeurer, bien souvent, des épouses fidèles et obéissantes.
Dans PARIS POLICE 1905, elle a enfin pu se présenter à la cour d'appel de Paris pour prêter serment et devenir la première avocate de France à plaider. Depuis, Jeanne est associée au sein du cabinet Weidmann et Chauvin et compte surtout dans sa clientèle des jeunes femmes encartées de force comme prostituées par la police des mœurs.
Son combat est celui d’une solitaire : en 1914, on ne dénombre encore que 23 avocates inscrites à l’ordre de Paris !
À sa façon, en se créant son propre destin sans s’excuser d’être elle-même, elle remet en cause l’ordre établi, celui des hommes. Son combat auprès des parias d’alors – les prostituées – et la solidarité dont elle fait preuve résonnent avec notre époque qui promeut la sororité.
Marguerite Steinheil est l’autre figure féminine dont la force ne cesse d’étonner dans la série.
En apparence, elle est tout l’inverse de Jeanne, incarnation de la probité. Demi-mondaine, Meg fait commerce de ses charmes, règne sur un cercle de jeu clandestin protégé par le préfet Lépine et est enfermée dans un mariage de convenance avec un peintre raté. Reste qu’à sa manière peu orthodoxe mais lucrative, elle aussi s’est rebellée contre le sort d’épouse soumise qui l’attendait.
Dans PARIS POLICE 1905, Marguerite Steinheil est en lutte constante contre les hommes et l’adversité pour que sa fille échappe à son sort.
Comme Jeanne, sa force de caractère est constamment sapée par les efforts masculins pour la contrôler ou la ramener à son statut de femme. Et son ascendant sur eux signe aussi sa faiblesse puisqu’il est synonyme de dépendance. Lire la suite...
Évelyne Brochu incarne Marguerite Steinheil, l’une des héroïnes de PARIS POLICE 1905.
Comment avez-vous abordé ces retrouvailles avec votre personnage de Meg ?
Avec beaucoup de plaisir, évidemment. Et de facilité. Les scènes qui se déroulent chez les Steinheil sont tournées dans un château incroyablement conservé à une heure de Paris ; l’immersion dans la période de la Belle Époque a donc été immédiate. Et puis, comme les femmes de l’époque, je porte sous mes robes un corset. Une contrainte qui provoque des sensations d’emprisonnement, voire d’étouffement. Cette pression crée une rage qui sert le personnage !
Ce corset, n’est-ce pas une manière de contrôler les femmes ?
Si ! En les empêchant de manger au sens propre (je vous déconseille de déjeuner en portant un corset : la digestion est littéralement coupée !), on essayait aussi, de façon très métaphorique, de les soumettre en évitant qu’elles n’aient trop d’énergie pour se révolter ou même pour rivaliser avec les hommes. Avec le corset, d’une certaine manière, on contrôlait leur appétit mais aussi… leurs appétits.
Diriez-vous que Meg est une femme moderne ?
Oui, comme Jeanne Chauvin, d’ailleurs, même si elles ne suivent pas du tout la même voie ! Je crois que si elles se rencontraient, ces deux femmes pourraient très bien s’entendre. Elles se débattent toutes les deux pour exister dans un monde d’hommes qui ne leur font guère de cadeaux. Meg a su très tôt qu’elle ne voulait pas d’une vie rangée : c’est très moderne de vouloir changer d’existence, d’écouter ses envies, de les trouver légitimes et de se consacrer à leur réalisation comme elle le fait.
Entre la malheureuse Rosalie Dantremont condamnée à racoler sur la voie publique et Meg, la courtisane protégée par le préfet Lépine, il y a un monde… Celui d’une prostitution aux multiples visages.
Sous la IIIe République triomphe une bourgeoisie soucieuse d’ordre moral et public dont le préfet Lépine est l’incarnation. La prostitution n’est alors pas un délit mais elle est considérée comme une activité immorale et dangereuse, qui doit être sévèrement encadrée.
D’un côté, la prostitution dite « close » concerne celle exercée dans des établissements identifiés et soumis à des impératifs stricts, comme des visites médicales obligatoires.
De l’autre, une prostitution dite « libre » mais qui n’en a que le nom ! Pratiquée à domicile ou sur la voie publique, comme c’est le cas de Rosalie Dantremont, elle est soumise à une réglementation encore plus sévère : « fichage » des prostituées, interdiction d’exercer en dehors de certaines heures (19 h – 23 h) et aux abords de certains lieux (églises, squares, jardins publics, etc. ), obligation de se soumettre à une visite médicale toutes les deux semaines, interdiction de se montrer à leur fenêtre, de sortir sans chapeau, etc. Pour faire respecter cette réglementation, la police peut opérer des contrôles et des "descentes" à tout moment.
En fait, si les prostituées existent bel et bien, elles doivent se rendre invisibles et ne « contaminer » ni les bonnes mœurs ni la santé publique. Elles n’ont pas les mêmes droits que les autres citoyens et ne peuvent que rarement s’extraire de cette condition.
Comme le souligne l’avocate Jeanne Chauvin face à l’Inspecteur Jouin au sujet du cas Dantremont, il est rarissime qu’une fille encartée parvienne à se faire radier du fameux fichier des prostituées : deux chaque année environ !
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le sujet, une autre CRÉATION ORIGINALE à visionner via myCANAL, MAISON CLOSE, raconte le quotidien d’un bordel au tout début de la Belle Époque, en 1871. Lire la suite...
La Belle Époque constitue l’âge d’or des bordels à Paris.
Dans certains établissements, se croisaient prostituées, éminents clients et informateurs de la police.
1. Maison Souquet 10 rue de Bruxelles, Paris 9e
Après avoir abrité une école de jeunes filles, le bâtiment construit en 1869 est devenu une maison de plaisirs plutôt discrète et raffinée de 1905 à 1907… A deux pas de Pigalle et du célèbre Moulin Rouge, la maison Souquet, du nom de sa tenancière, avait pour voisines dans la même rue de Bruxelles une dizaine d’autres maisons closes.
2. Madame Christine 9 rue de Navarin, Paris 9e
Menottes, colliers en fer, chevalets et autres instruments de torture (ou de plaisir) étaient légion dans ce temple du sadomasochisme dont la façade néo-gothique était aisément reconnaissable ! « Rien n’y manque », telle était la devise prometteuse (pour les amateurs de sensations fortes) de la maison…
3. La Farcy 29 rue Joubert, Paris 9e
Cet établissement, qui ouvre ses portes au milieu du 19e siècle, sera longtemps tenu par une célèbre mère maquerelle (La Farcy), dont le destin ne cesse d’étonner puisqu’elle mourra châtelaine et bienfaitrice de la ville de Montargis ! Une certaine Elisa prendra sa suite. Preuve de la bonne réputation de la maison, les maîtres d'hôtel des restaurants possédant des salons privés y envoyaient souvent des coursiers chercher des filles pour animer des soirées très privées !
4. Aux Belles Poules 32 rue Blondel, Paris 2e
Chef d’œuvre de l’Art déco, les mosaïques de ce haut lieu de la prostitution ouvert dès 1870, mais qui connut son heure de gloire pendant les années folles, sont toujours visibles. Pour pousser la clientèle plutôt bourgeoise à consommer toujours plus de champagne, les pensionnaires se livraient à de drôle de shows érotiques.
5. Le Chabanais 12 rue du Chabanais, Paris 2e
Sans doute la plus célèbre des maisons closes parisiennes… Fondée en 1878, Le Chabanais comptait 35 pensionnaires si réputées qu’en 1889, le jour de l’inauguration de l’exposition universelle, des ministres et des ambassadeurs du monde entier s’y pressaient ! Le prince de Galles, le futur Édouard VII, y avait ses habitudes dans la « chambre indienne », où siégeait une « chaise de volupté » fabriquée sur mesure et destinée à batifoler avec deux partenaires en même temps !
6. La Fleur blanche 6 rue des Moulins, Paris 1er
Cet établissement extrêmement luxueux était particulièrement réputé pour deux raisons : d’abord parce que le peintre Toulouse-Lautrec y avait ses habitudes au point que certains de ses tableaux s’y réfèrent comme le Salon de la rue des Moulins (1894) ou le Sofa (1896). La légende dit même que l’artiste y avait une chambre à l’année ! Et ensuite parce qu’il possédait une salle de torture, rien de moins, installée à la cave.
Dans le Paris de la Belle Époque, capitale des plaisirs, Marguerite Steinheil est loin d’être la seule à vivre de ses charmes. Depuis le Second Empire, les cocottes font tourner la tête des grands bourgeois comme des têtes couronnées.
Dans la série, c’est là que le jour de Noël, Rosalie Dantremont, soupçonnée de racoler dans la rue, est envoyée croupir quelques jours par l’impitoyable police des mœurs, scellant le sort de son nourrisson…
Située dans le 10e arrondissement de Paris, cette ancienne léproserie du Moyen-âge est transformée en "hôpital-prison" pour femmes après la Révolution. La militante révolutionnaire Louise Michel, y fera même un court séjour en 1883.
Le bâtiment est divisé en trois sections.
La première héberge les prévenues et les condamnées, la seconde est un lieu de punition et un hôpital pour les prostituées, quand la troisième est destinée à accueillir les jeunes filles retirées à leurs parents et considérées comme « moralement corrompues ».
Les conditions de vie y sont déplorables et la promiscuité y est de rigueur.
Vers 1900, les prisonnières de Saint-Lazare dorment ainsi à cinq ou six par cellule, tandis que les prostituées, elles, sont logées en dortoirs et doivent se livrer à des travaux d’aiguille en guise de rééducation.
Citée à de nombreuses reprises dans la série, Saint-Lazare constitue le reflet d’une société malade de ses contradictions et de son hypocrisie.
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! »
Comme le préfet Lépine l’ordonne à la veille de Noël et comme Rosalie Dantremont en fait les frais, on y enferme les prostituées sans autre forme de procès quand l’attrait des bonnes gens pour le sexe tarifé – et étroitement contrôlé par l’État - devient trop visible. Et puis on les libère… jusqu’à la prochaine rafle de la police des mœurs. Lire la suite...
“ Syphilis et prostitution, deux plaies sanitaires et sociales qu’on ne peut pas guérir. La seule ambition réaliste est d’endiguer leur propagation. ”
(Le préfet Lépine)
Pourquoi, dans le deuxième épisode de PARIS POLICE 1905, Adolphe Steinheil est-il aussi terrifié en apprenant qu’il souffre de syphilis ?
Cette maladie encore incurable (jusqu’à la découverte de la pénicilline) est à la fois une marque de honte (du fait de sa transmission par voie sexuelle) et une promesse, à plus ou moins long terme, de mort douloureuse. Le Dr Verlot évoque ainsi avec le malheureux Steinheil de futurs troubles de la personnalité et/ou une paralysie partielle ou totale. Il aurait pu ajouter à ces symptômes, la cécité, l’épilepsie, la démence et d’atroces lésions cutanées.
Dans la série, un médecin dénonce ainsi la mort de 80 000 adultes, 20 000 enfants ainsi que 70 000 avortements provoqués par la maladie chaque année !
Des chiffres qui expliquent que les journaux du début du XXe siècle n'hésitent pas à faire de cette maladie vénérienne l’une des pestes contemporaines avec la tuberculose et l’alcoolisme.
Et à pointer du doigt les prostituées comme « responsables », sans jamais incriminer les hommes qui les fréquentent et qui contribuent pourtant à faire circuler la maladie.
Cette psychose est entretenue par le fait que la syphilis frappe aveuglément sans barrière de classe, de genre ni même de mœurs ! Vu l’hypocrisie de l’époque, la maladie constitue alors « une machine à chantage ».
Pour éviter que leurs clients ne la contractent, l’État légifère donc sans cesse et soumet les filles de joie à des visites médicales régulières. Contrôlées par la police, elles ne peuvent travailler si elles s’y soustraient et sont envoyées à la prison-hôpital Saint-Lazare aux premiers symptômes de la maladie. Lire la suite...
Parmi ces personnalités de la Belle Époque, lesquelles ont eu la malchance d’attraper – comme Adolphe Steinhell – « la grande vérole » ? Pour avoir la réponse, cliquez sur leur photo.
Guy de Maupassant
Oui L’auteur de Bel-Ami, un sacré coureur de jupons, avait attrapé la syphilis pendant ses jeunes années. Il sombra dans la folie, sans doute à cause de cette maladie, et mourut prématurément en 1893.
Camille Claudel
Non La sculptrice et maîtresse d’Auguste Rodin finit sa vie internée, victime de paranoïa, mais rien n’indique qu’elle était malade de la syphilis.
Georges Feydeau
Oui Le plus célèbre des auteurs de vaudevilles meurt en 1921 à l’âge de 58 ans après avoir été soigné pendant deux ans dans un sanatorium à coups de douches froides, de bromure et de chloral. Il aurait contracté la syphilis auprès d’une jeune travestie.
Karen Blixen
Oui La femme de lettres danoise connue pour avoir écrit La Ferme africaine, adaptée au cinéma sous le titre d’Out of Africa, contaminée par son mari, sera soignée toute sa vie avec de l’arsenic.
Gustave Eiffel
Non Le père du monument le plus célèbre du monde a certes connu quelques chagrins d’amour dans sa vie mais pas la syphilis !
Henri de Toulouse-Lautrec
Oui Habitué des maisons closes, le peintre y attrape la syphilis, ce qui aggravera considérablement ses nombreux problèmes de santé.
Al Capone
Oui C’est durant sa détention à la prison d'Alcatraz pour fraude fiscale qu’une syphilis contractée au cours de sa jeunesse se réveille chez le plus célèbre des malfrats. Il aura de plus en plus de mal à se mouvoir.
Marcel Proust
Non Le prix Goncourt de 1919, qui souffrait d’asthme et est mort d'une bronchite, n’a jamais attrapé la syphilis, malgré sa fréquentation dûment constatée par la police des mœurs de l’hôtel Marigny, un bordel homosexuel.
“ Dans 50 ou 100 ans, quand votre nom sera oublié de tous et que le mien ne sera qu’une notule dans les manuels scolaires, il y aura toujours des téléphones dans les commissariats. Vous n’avez pas le sens de l’histoire. ”
(Le préfet Lépine)
Si le préfet Lépine a marqué les esprits, c’est que l’homme est resté dix-huit ans à la tête de la préfecture de police – un record – en tentant d’en redorer le blason.
Dans PARIS POLICE 1905, le haut fonctionnaire se vante, par exemple, d’avoir réclamé à plusieurs reprises la tête du commissaire Fondari, trop corrompu à ses yeux. Dans la réalité, il a effectivement cherché à discipliner et moraliser la police avec plus ou moins de succès.
Soucieux de son image, il savait l’importance d’avoir l’opinion publique avec lui et n’hésitait pas à communiquer pour se mettre les Parisiens dans la poche.
Sa conférence de presse au cours de l’affaire Dantremont – où il affiche un soutien sans faille à ses hommes alors qu’il cherche les coupables en coulisses – est un parfait exemple de sa capacité à jouer les équilibristes.
Marc Barbé, le comédien qui l’interprète dans la série, apprécie « cette complexité. C’est un fervent soutien de la République mais aussi un défenseur de l’ordre public. » Et d’ajouter : « J’ai découvert plein de choses sur lui, comme par exemple, qu’il avait créé le fameux concours qui porte son nom… pour sauver les petits commerçants de Paris qui souffraient de la concurrence allemande ! » Lire la suite...
Mobilier urbain moderne, façades colorées… Tourner dans la capitale une série se déroulant à la Belle époque requiert une bonne dose d’imagination.
Quand on voit Antoine Jouin ou Joseph Fiersi déambuler dans Paris, on n’imagine par les trésors d’ingéniosité qu’il a fallu au chef décorateur Pierre Quéfféléan pour parvenir à donner vie à ces quelques plans en extérieur de la Belle Époque.
Le plus compliqué ? Trouver des rues de Paris qui n’ont pas trop changé.
« En 20 ans, explique le chef déco, la capitale s’est beaucoup modernisée, les poternes et les bittes sur les trottoirs sont devenues une vraie calamité visuelle pour nous. Et certains endroits autrefois dans leur jus, avec des rues pavées comme les environs de Clichy ou de Montreuil ont eux aussi complètement changé… »
Autre gros problème pour coller à l’époque : au début du XXe siècle, les façades étaient bien souvent grises et sales à cause du chauffage au bois. Ce n’est plus le cas aujourd’hui !
Une fois les rues trouvées, il reste à Pierre Quéfféléan tout un travail de camouflage de ce mobilier urbain moderne, le temps du tournage : bien souvent, il a recours à des palissades.
Si, en revanche, un immeuble ou une boutique trop moderne « gâche » la vue, c’est aux effets spéciaux qu’il revient de l’effacer après le tournage…
Fabien Nury, le créateur de la série, avait espoir que le fait qu’une bonne partie de l’intrigue de PARIS POLICE 1905 se déroule dans le Bois de Boulogne simplifie les choses. En extérieur, les contraintes sont toujours moindres. Ce fut le cas jusqu’à ce qu’au fil du tournage, les arbres se mettent à reverdir avec le retour du printemps ! Des couleurs qui contrastaient grandement avec l’ambiance gothique et hivernale de la série, faite de brume et de branches décharnées.
Certaines scènes ont donc été tournées de nuit pour que le feuillage se voit moins.
Quant aux scènes d’intérieur, beaucoup ressemblent à des tableaux du XIXe siècle. Un effet possible grâce au soin particulier apporté à la lumière, mais aussi au fait que, bien souvent, Pierre Quéfféléan s’est inspiré de peintures existantes, comme celles de Valloton, par exemple, pour reconstituer l’hôtel particulier de Meg…
Pour la petite histoire, les tableaux de son mari, le peintre Adolphe Steinheil, qui a réellement existé, n’étaient guère utilisables dans la série. Et pour cause : c’était un piètre artiste ! Il a même fallu « inventer » pour les besoins de l’intrigue sa série de tableaux sur le Bois de Boulogne destinés à illustrer ses tourments intérieurs. Lire la suite...
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Maquilleur effets spéciaux depuis 25 ans, Jean-Christophe Spadaccini a conçu les cadavres de PARIS POLICE. Il nous en livre quelques secrets de fabrication !
« Dans la série, quand vous avez à faire à un cadavre comme, par exemple, celui de Paul Cétinet qu’on retrouve, habillé, dans la neige, au bois de Boulogne, ce que vous voyez est soit le comédien maquillé, soit une partie de son corps reconstituée en silicone. Cela dépend du cadrage.
Je m’explique : quand on fabrique une fausse tête, on crée d’abord un moule, en silicone ou en alginate (le même matériau que celui utilisé par les dentistes pour prendre votre empreinte dentaire !), puis on y coule de la silicone qu’on peint ensuite, avant d’y implanter un à un cheveux, poils, sourcils ou barbe…
On évite au maximum, sauf nécessité absolue, de fabriquer des cadavres "entiers".
Pour le sang, comme il peut rentrer dans la bouche des comédiens, on utilise un mélange de colorant alimentaire, de glycérine et de sirop d’érable.
Et dans les scènes de règlement de comptes par exemple, il faut tout un système de tuyauterie pour faire gicler le sang ! Série historique ou pas, notre travail de maquilleur reste le même et se fonde avant tout sur des photos médico-légales.
Et, étant fan des Brigades du Tigre quand j’étais plus jeune, j’ai adoré travailler dans cette ambiance décalée de polar ! »